Quand les réseaux sociaux font du bien aux adolescentes


Charlotte dit avoir « toujours été une petite fille ronde, complexée par son physique ». En 2021, elle se crée un compte anonyme sur Instagram, uniquement consacré à la littérature. « J’avais envie de partager plein de choses, notamment ma passion pour les livres. Mais même avec mes amis, je ne me sentais pas légitime. Je me suis dit que ce serait l’occasion de discuter avec des inconnus, sans prendre le risque qu’ils me jugent sur mes avis ou mes goûts. »

Comme elle, sur le réseau social, des centaines de milliers d’utilisateurs (majoritairement des femmes) partagent de manière quotidienne des photos et des vidéos de leurs lectures afin d’en discuter avec d’autres passionnés. « Bookstagram, c’est le safe space [espace où l’on se sent en sécurité] qui m’a aidé à prendre confiance en moi et à m’accepter », affirme l’adolescente de 16 ans.

Popularité accentuée lors du confinement

Alors que la santé mentale des adolescents en France est préoccupante, en particulier chez les filles, et que des spécialistes imputent ce mal-être à l’émergence des réseaux sociaux, les communautés littéraires en ligne comme Bookstagram semblent faire figure d’exception. Si cela fait presque dix ans que ce concept a été créé de manière autonome sur les réseaux sociaux par une poignée de passionnés, c’est lors du premier confinement qu’il a véritablement gagné en popularité. Ainsi, le hashtag #bookstagram, l’un des plus utilisés par les membres, comptabilise à ce jour plus de 91 millions de posts sur Instagram ; sur YouTube, où le concept de club de lecture en ligne s’est développé dès la fin des années 2000, certains créateurs de contenus dépassent aujourd’hui 70 000 abonnés ; enfin, sur TikTok, où le phénomène porte le nom de BookTok, le hashtag recense quant à lui près de 147 milliards de vues.

Que ce soit sur Bookstagram ou sur l’une de ses déclinaisons, l’ensemble des jeunes adeptes que nous avons interrogées décrivent une ambiance bienveillante et solidaire, portée par les échanges intellectuels et la créativité. Une image à l’opposé de celle que l’on peut se faire de ces plates-formes, régulièrement décriées pour leur toxicité.

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« C’est mon postulat depuis quinze ans : certains risques existent sur les réseaux sociaux, mais il y a aussi des choses formidables qui s’y passent », déclare Angélique Gozlan. Selon cette psychologue clinicienne, qui a consacré la majeure partie de sa carrière à analyser l’impact des réseaux sociaux sur la santé mentale des adolescents, ces communautés littéraires ont un « effet positif indéniable » sur les jeunes filles, pour qui l’expérience des réseaux sociaux peut être plus difficile à vivre que pour les garçons.

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Catégorie article Politique

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